philosophie
Et si Nietzsche n'était finalement pas athée?
Comme bien souvent pour les grands philosophes, et c'est une tradition antique, leur pensée profonde ne se révèle pas dans leurs écrits théoriques mais plutôt dans leurs romans philosophiques. Ainsi parlait Zarathoustra n'échappe pas à la règle.
D'abord le nom du personnage clef de voûte : Zarathoustra, voyons ce qu'en dit le Larousse : "Zarathoustra ou Zoroastre Iran VII-VI s av. J-C ... Sa réforme, le zoroastrisme, met l'accent sur la transcendance divine et prêche une morale d'action basée sur la certitude du triomphe de la justice". Il s'agit à l'époque d'un culte voué au soleil. Nietzsche choisit donc comme héros un théologien, un croyant.
Cela est significatif de ce que veut dire Nietzsche dans son livre. En effet, Ainsi parlait Zarathoustra est truffé de symboles religieux tant antiques que modernes. D'abord Zarathoustra, ermite, se nourrit de miel. Or l'abeille était vue par les philosophes grecs comme l'insecte qui apportait la lumière divine (le soleil) sous forme de miel sur la bouche des poètes qui ainsi étaient divinement inspirés. D’un autre côté cela nous rappelle Jean le Baptiste annonçant la venue de Jésus. Ensuite il est entouré tout le long du récit de deux animaux : un serpent (symbole de la chute hors d'Éden) et d'un aigle (seul animal réputé savoir regarder le soleil, Dieu, dans les yeux, symbolisant ainsi le retour en Éden).
Zarathoustra est à la quête du surhomme. Il entend dans la forêt un cri qu'il croit être celui du surhomme, il accourt et ne trouve qu'un simple mortel. Et ainsi plusieurs fois. La nuit tombée, il entend formellement le cri du surhomme et le voyant le reconnais comme tel : un lion ! Or le lion est un animal qui dans bien des religions mésopotamiennes et aussi la judéo-chrétienne représente Dieu, le Dieu monothéiste. (Le lion de la Tribu de Juda).
La question qu'on peut se poser est : Friedrich Nietzsche n'a-t-il pas cherché à démontrer que le surhomme était Dieu lui-même et, plus loin, l'homme retrouvé en Éden ; l'homme en communion avec Dieu ?
La seconde question à aborder est celle du Surhomme. Question clef dans l’œuvre de Nietzsche.
Et cela me fait remarquer une chose, c’est que l’éducation biblique a été largement remplacée en Occident par l’éducation aux Comics de super-héros. Ainsi on nous dit « si Dieu existe, pourquoi tant de malheurs dans le monde ? », comme si Dieu avait à intervenir tel Superman, Batman, ou un Jedi.
Mais tous ces super-héros sont-ils des Surhommes au sens Nietzschéen du terme ? Pour être un Surhomme, selon Nietzsche, certes il faut posséder de la force supérieure en quantité et en qualité aux commun des mortels. Être fort, omnipotent, omniscient, omniprésent, immortel même. Mais tout cela ne définit ou ne suffit pas à définir le Surhomme.
J’aurai beau être tout cela que je n’en resterai pas moins un simple humain tant que je n’aurai pas renoncé à la mentalité et aux passions humaines, dont une qui ne peut que tenter un homme doué de telles qualités : le Pouvoir !
C’est peut-être pourquoi Nietzsche ne respectait qu’une seule religion : le bouddhisme. Car le bouddhisme est une religion du renoncement ; renoncement à vouloir et à pouvoir.
Selon Nietzsche on passe de l’étape d’humain « doué » (celui qui possède toutes ces forces en quantité et qualité) à l’étape de Surhomme en renonçant au monde et donc au pouvoir sur le monde. C’est-à-dire qu’on ne cherche plus par ces forces en surnombre à gouverner le destin de l’humanité ni en bien ni en mal ; lorsqu’on se sépare de l’humanité et du monde.
Est donc Surhomme l’extra-terrestre (tant qu’on en a pas rencontré) et/ou Dieu. Devenant Surhomme un humain en deviendrait l’égal de Dieu, c’est-à-dire laisserait l’humanité à elle-même en renonçant à agir tant en bien qu’en mal sur le destin de celle-ci.
Que sont Israël et les israélites?
Au moment où les termes "Israël" et "israélites" sont utilisés pour la première fois dans la Bible Hébraïque (et donc chrétienne) par le prophète Moïse, le peuple juif ne possède pas encore une Terre et ne sait pas où va être cette Terre Promise! Qu'est-ce donc alors que cet "Israël" et que ces "israélites"? La réponse se trouve donnée en les Livres de l'Exode et du Deutéronome, en entrée des Dix Commandements (Dix Paroles, Décalogue). Je l'analyse ici...
Tentative de rationalisation de la proposition: Dieu existe.
Notre Univers est intelligible, c'est la constatation de départ.
Cela n’a pas toujours été le cas. En effet les premiers humains, en observant la nature et ses manifestations (orages, pluies, sécheresses, etc.), n’y trouvaient que chaos et désordre. Mais plus les civilisations évoluaient, plus on trouva un certain ordre naturel dans les choses. À une forte chaleur prolongée succédait l’orage, tel ou tel ordonnancement des nuages permettait de prédire pluie ou beau temps, mais également ouragans et tempêtes.
Néanmoins le « pourquoi » de cet ordonnancement est restée jusqu’aux avancées scientifiques du XVIIIe au XXIe Siècle une inconnue. Même si l’idée d’un ordonnancement compréhensible était une intuition philosophique primordiale et importante chez, par exemple, les premiers philosophes grecs.
Aujourd’hui, même si certes nous ne connaissons ou n’entrevoyons que 10% de la totalité de ce qui reste encore à découvrir, nous comprenons un tant soit peut ce fameux pourquoi.
En plusieurs siècles cumulés d’efforts scientifiques et de recherches nous avons dégagés des Lois qui régissent la Nature. Ces lois, compilées dans les savoirs de la physique et de la chimie, n’ont été qu’une première étape ; on a aussi échafaudé des théories sur la naissance de l’Univers dont la non moindre et la plus sérieuse reste encore de nos jours la théorie du Big-Bang.
Avec la théorie du Big-Bang on passe de la physique à deux nouvelles sciences : la physique quantique ou physique des particules et l’astrophysique.
Encore existe-t-il plusieurs théories du Big-Bang. Mais en gros, au moment zéro, l’Univers n’était pas infini mais bien replié sur lui-même et ce dans ses dix (ou onze) dimensions que la physique actuelle attribue à l’univers. Tout serait parti, aurait été créé, à partir soit d’un vide soit d’une particule contenus dans un univers au volume encore plus petit que la plus petite des particules quantiques connues.
Tout cela, bien entendu, si les équations des physiciens sont exactes. Mais comme elles ne cessent de se vérifier à chaque observation, notamment au CERN en Suisse, elles forment donc une bonne base d’assise.
Par ailleurs, récemment, des scientifiques ont conclu que «notre Univers serait une simulation». Mais voyons un peu plus loin, car sinon la conclusion s'imposerait d'elle-même dès ici.
En résulte que notre univers a été créé, fut-ce à travers une explosion de particule unique ou d’univers vide. Ce n’est qu’après ce big-bang que l’univers a pris un volume gigantesque et que sont nées en premier les particules élémentaires qui ensuite se sont combinées pour en arriver à l’univers que nous observons aujourd’hui.
Mais là n’est pas le plus étonnant. Le plus étonnant est que ce big-bang ait abouti à un univers «stable». Stable en le sens de compréhensible et même prévisible. C’est-à-dire obéissant aux lois qu’on observe en physique et en chimie : aux mêmes causes les mêmes effets.
C’est bien cela plus que toute autre chose qui doit nous étonner. Il n’y avait aucune raison pour que le big-bang produise un univers qui soit coordonné, c’est-à-dire qui soit intelligible.
Le mot est lancé : l’Univers est intelligible donc obéit à des lois intelligentes.
Et c’est là que je me tournerai vers la philosophie pure ; qui dit «intelligent» dit «pensable» et «pensé». Or, il existe un adage de la philosophie moderne : «je pense donc je suis». C’est-à-dire que qui dit univers créé avec intelligence, pensé, dit univers créé par un étant, par un «je suis».
La physique moderne nous apprend que l’univers a été créé et qu’il nous est intelligent ; la philosophie moderne nous dit que ce qui est fait avec intelligence, donc avec pensée, provient d’un étant, d’un «je suis», donc pour le dire enfin… d’un être.
Cela tendrait à démontrer qu’il y ait un être, principe créateur intelligent, à l’origine de l’Univers.
Bien entendu, ayant affirmé cela : le Principe Créateur Intelligent, affirmation déiste, je ne présuppose nullement de la véracité ou de la fausseté de tel ou tel dogme religieux. Qu’il y ait créateur intelligent, toutes les religions se l’accordent à le dire.
Bref, cette démarche est exactement l’inverse de celle de Saint Thomas d’Aquin qui préconisait de remonter en arrière jusqu’à la nécessité de poser Dieu comme condition. Je pars de l’arrière : le temps zéro, pour suivre le fil de l’évolution de l’Univers et découvrir que cet univers a été créé intelligemment, donc par un être car, je le répète, «je pense donc je suis».
Sur le conflit en Terre-Sainte
Ce Shabbat du 7 octobre 2023 a été marqué par une attaque du Hamas contre Israël. On remarquera d'abord que dans le conflit israélo-palestinien jamais rien, ni côté Palestine ni même côté Israël, n'a jamais été obtenu par la violence. Yasser Arafat a obtenu ce qu'il désirait, du moins un large début à ce qu'il voulait, lorsqu'il s'est arrêté de perpétrer des actes de guerres. Idem pour Yitzhak Rabbin côté israélien.
D'où ma question: «Gaza méritait-elle son statut d'indépendance acquis par la Paix et la volonté pacifique de Ariel Sharon si c'était pour dès cela fait obéir aux ordres meurtriers du Hamas?», et, autre question: «le Hamas est-il un mouvement musulman, c'est-à-dire respectant le Coran?»...
En effet dès la Sourate V ("La Table Servie (Al-Ma'Ida)") au verset 8 on peut lire ceci: «[...] Que la haine éprouvée pour un Peuple ne vous pousse pas à commettre des injustices à son égard. [...]». Putain, comment le savons-nous? La question est plutôt comment ne le savent-ils pas? C'est que les religions sont instrumentalisées à des fin de contrôles (politiques et commerciaux, légaux et illégaux) et que donc on ne s'intéresse pas à propager les Textes dans leur Entier mais seulement à y soutirer des Extraits qui justifient les Chefs qui veulent contrôler les autres.
Mais il est vrai que dès les débuts du Monothéisme, la Religion est devenue instrument de Contrôle et non plus matière à Philosopher. Le Prophète Muhammad lui-même qualifie cette dernière attitude de «ceux qui font de la religion un jeu».
De telle sorte que si l'on trouve à l'ULB (Université Libre de Bruxelles) des professeurs qui déclarent d'emblée que «Jésus n'a pas existé» (alors qu'il y a des traces littéraires et historiques de son passage sur Terre par des chroniqueurs tels Flavius, hors Bible, ou Luc, dans la Bible, ce dernier étant avant tout un chroniqueur historique de son époque qui se convertira au christianisme), mais ne se posent pas la question essentielle de savoir si Moïse a réellement existé, lui dont on ne trouve nulle trace dans aucunes civilisations voisines et dont même les Rabbins libéraux remettent en cause l'existence.
De fait la première trace dans une civilisation voisine d'un personnage de la Bible Hébraïque est celle du Roi Jéroboam; un peu avant David donc.
C'est dire si l'établissement de la Terre d'Israël en tant que territoire d'un "Peuple Élu" est éminemment un usage politique de la religion. La chose à retenir du Judaïsme étant que «la Sion véritable est la Sion Céleste; la Cité de Dieu»! Et évidemment il y aura beaucoup de gens d'apparence, de culture, de langue, d'époque et de religion différentes dans la Sion Céleste. D'où l'utilité de la Sion Terrestre, Israël ou la Judée, pour nous apprendre à partager un espace commun entre gens différents. Si déjà nous ne savons pas le faire ici, qu'en sera-t-il dans l'autre Monde?
Enfin, je tiens à noter que «la Palestine est un nom latin d'un territoire occupé Romain et non un nom arabe». C'était important je crois à rappeler.
Maintenant que j'ai signalé le plus important à mes yeux, j'espère que nous apprendrons à relativiser sur l'importance supposée de ce conflit: ce conflit est très important pour ceux qui cherchent à détenir une position de Chefs d'État (Palestinien ou Israélien), mais est très nocif pour tous ceux qui considèrent ce pays comme une Terre Sainte!
Des Vérités partagées
Sur une vidéo à propos de la lecture utile du Coran pour un chrétien surtout Protestant donc pratiquant le Libre Examen (dans "Libre Examen" il y a certes "Libre" mais il y a aussi "Examen" et un examen implique la lecture du texte pour forger son idée) quelqu'un a laissé ce commentaire:
«Oui mais si les enseignement de Mohammed et de Jésus sont différents laquelle vas tu suivre ?L'homme ne peut pas suivre deux maîtres ou il aimeras l' un et haïra l'autre . Autrement merci de parlé de religion et de spiritualité et de Dieu .»
Je dirais ne nous voulons pas plus catholiques que le Pape. J'ai déjà parlé ici du Congrès d'Assise de 1986 où le Pape Jean-Paul II déclarait je cite «il y a des vérités dans chaque religion»; sachant par ailleurs qu'il ne parlait pas que des religions abrahamiques mais aussi des animistes et amérindiens, de l’hindouisme et du bouddhisme (jugés comme "associateurs" par l'Islam).
C'est-à-dire que bien que chrétien rien ne m'empêche de reconnaître qu'il y a des choses intéressantes à prendre et apprendre des autres religions. Ainsi je tire des enseignements sûrs du Saktisme ou Çaktisme (à ne pas confondre avec Shaktisme, culte de la déesse Kali), du Rastafarisme, du Taoïsme (qui n'est pas une religion mais une philosophie basée sur un fond religieux bouddhiste) et donc de l'Islam.
Comme l'écrit Paul dans une de ses Épîtres: «respectez les prophètes» (et il parle de ceux de hier comme de ceux à venir). Ainsi l'enseignement de Moïse est juste bien que les Lois qu'il reçoit de Dieu sont différentes des Lois imposées par Jésus. Pourtant je ne saurais comprendre l'enseignement de Jésus sans celui de Moïse!
Dans cette phrase sur «quel Maître suivre» qui se trouve dans les Évangiles il n'est pas question que le Maître soit un Prophète ou le Messie (Moïse ou Jésus, Jésus ou Muhammad) mais bien le Dieu Unique, Créateur de l'Univers Visible et Invisible, mis en opposition à Mammon, le dieu de l'argent et des richesses matérielles d'ici-bas.
Par ailleurs Muhammad récite la Révélation suivante dès la seconde Sourate ("La Vache") au verset 62: «Car ceux qui ont cru, ceux qui sont revenus vers le judaïsme, les chrétiens, les sabéens, tout être ayant cru en Dieu et au Jour Dernier et qui font le bien, tous auront une récompense auprès de Dieu. Pas de raison pour eux d'éprouver de la crainte ou de la tristesse.»!
Je crois que c'est clair: ce verset implique si je l'applique que la Conversion n'est pas le but ultime du message coranique. Du moins la conversion au corpus entier du Coran, tout ce qui nous est demandé étant d'être «soumis (musulmans) au Dieu Unique et de ne rien lui associer».
Mais je comprends que beaucoup de fidèles chrétiens de par le fait même de ne pas connaître la Bible aient peurs d'aborder la lecture du Coran.
En fait Dieu révèle à chaque Peuple et à chaque époque ce qu'il faut aux Civilisations de cet endroit et de ce moment. Comme l'indique la Sourate V ("La Table Servie") au verset 48: «[...] À chacun, Nous avons octroyé une législation et un plan à suivre. Car, si Allah l'avait voulu, Il aurait fait de vous une seule communauté. [...]».
Et ferais-je la somme de tous les textes religieux que je ne connaîtrais pas pour autant tout ce que Dieu connaît...
Ce qu'apporte le Protestantisme et limites de l’œcuménisme.
Le protestantisme n'est pas seulement une réaction contre la "vente de tickets d'entrées au Paradis", les "indulgences", par l'Église Catholique Romaine, et ce n'était heureusement pas la seule chose pour laquelle il était utile.
Le Protestantisme historique, s'il est certes daté du moment où Luther brûle la bulle d'excommunication qui le condamne et donc nie la supériorité du Pape sur l'ensemble de la Communauté Chrétienne (Ecclesia, Église), commence en fait conjointement avec les apports philosophiques d'Érasme et le Libre Examen.
Le Protestantisme introduit ainsi de facto la liberté religieuse. C'est-à-dire la liberté de choisir sa religion mais aussi de n'en choisir soit aucune en particulier soit aucune du tout. C'est-à-dire que, sans protestantisme, pas de laïcité dans le sens très anglo-saxon et scandinave d'acceptation de toutes les religions et facilitation de leur expression et manifestation jusque dans la vie civile. Un sens différent qu'en pays anciennement catholiques donc où il s'agit là plus d'une négation du fait religieux, de son nécessaire effacement devant l'athéisme d'État.
Par ailleurs, autre apport du protestantisme, la séparation des Sciences et de l'Église. Chose que sera bien, suite à la Renaissance, forcée d'acter à son tour l'Église Catholique Romaine. Ainsi si Galilée fut condamné par l'Inquisition, à peine 50 années plus tard on lui donnait raison (mais sans pour autant le réhabiliter, annuler sa condamnation) et cela engendrera l'un des premiers apports majeurs de l'Église Catholique Romaine à la modernité: le Calendrier Grégorien.
Et, justement, parlant d'Inquisition, si le pouvoir et l'emprise de l'Inquisition ont été ébranlés au point que celle-ci soit "mise en sommeil" (mais non "supprimée") dans la fameuse Congrégation pour la Sauvegarde de la Doctrine de la Foi; c'est bien grâce au relativisme religieux introduit par le protestantisme.
On devine donc mieux les limites, et les dangers, de l'oecuménisme. S'il s'agit d'un dialogue de rencontre et d'échange d'expériences, pouvant aller jusqu'à communier ensemble, certes c'est très intéressant et très positif. C'est d'ailleurs souvent sous cette acceptation que Protestants et Orthodoxes entendent le terme d'œcuménisme. Mais il ne faut pas être aveugle au souhait clairement et non caché exprimé publiquement par l'Église Catholique Romaine de pratiquer un œcuménisme entendu comme «réintégration de toutes les églises éparses dans le giron et l'autorité de l'Église Catholique Romaine».
Avec, comme dangers immédiats, la perte de tous les acquis du protestantisme pour nos sociétés évoqués ci-dessus, et qui plus est une réanimation de la Sainte Inquisition!
Tao Te King de Lao-tseu et sous-entendus implicites
Le "Livre de la Voie et de la Vertu" (Tao Te King) de Lao-tseu me semble être un apport important à la philosophie non-seulement chinoise ou asiatique mais aussi mondiale au même titre que les auteurs grecs repris par l'Humanisme contemporain. On pourra trouver dans cette oeuvre de quoi nourrir les réflexions de nombre de monothéistes abrahamiques (tant juifs que chrétiens que musulmans). Surtout à l'aide de la traduction et annotations de Marcel Conche, l'une des plus sérieuse et complète trouvée avec celle que je recommande par-dessus tout en second, l'originale de 1913 qui ne cède pas à la vision Occidentale du taoïsme chinois mais reste dans sa vision originelle Orientale; c'est-à-dire ne transforme pas la notion de "Principe" en une vision Naturaliste occidentalisée et à la mode. Le Principe est avant-tout un Mécanisme, tout en provient et tout y est soumis y compris la Nature qui n'a pas de prépondérance sur le mécanisme qu'est le Principe... Seconde traduction et annotations à préférer à celle de Marcel Conche donc car plus lisible et plus correcte dans sa philosophie.
Tao Te king: Traduit et commenté par Marcel Conche (Perspectives critiques)
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Tao Te King: édition originale
Ouvrage classique chinois qui, selon la tradition, fut écrit autour de 600 av. J.-C. par Lao Tseu, le sage fondateur du taoïsme.Ces quelque cinq mille caractères chinois ont donné lieu à ...
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Édition à privilégier
Néanmoins les annotations, comme dans toutes les versions trouvées par ailleurs, ne tiennent pas compte de la mise en contextualisation nécessaire. Car il faut savoir à qui et dans quelle perspective s'adresse Lao-tseu. Si le bouddhisme chinois intègre indifféremment le confucianisme et le taoïsme; il convient de savoir que Lao-tseu n'a absolument pas ni le même public ni les mêmes buts que Confucius.
Confucius, qui vécu avant Lao-tseu, adresse des leçons aux classes dirigeantes, aux gouverneurs, à la Dynastie pour que ceux-ci les mettent en pratique dans une action dans l'agir concret. Car, pour Confucius, le Prince (ou le Roi) doit être un Philosophe (un Sage). Pour Lao-tseu, au contraire, il estime que «si le Roi était un Sage ou un Philosophe, le gouvernement ne saurait être qu'une dictature», entre-autres car n'ayant plus besoin de personne envers qui prendre conseil (donc s'auto-contredire).
Lao-tseu n'a pas comme public les gouverneurs, mais le peuple lettré. Il estime la Dynastie de sa région en pleine décadence et donc quitte son poste d'archiviste et scribe de ladite dynastie et quitte le territoire. Or, en tant que dissident, déjà à l'époque, il risque sa vie. Il ne peut donc se permettre de critiquer ouvertement le mode de gouvernance publiquement ni par écrit ni oralement.
C'est sous ce contexte qu'il convient il me semble d'interpréter ses multiples versets et chapitres dans le Tao Te King concernant le Sage qui gouverne. Car n'oublions pas: Lao-tseu est strictement opposé à ce que le gouvernant soit un philosophe ou un sage.
D'où la question que nous devons nous poser: lorsqu'il écrit que «le Sage remplit le ventre du Peuple et non son cerveau», est-ce une caricature pour illustrer sa pensée ou est-ce une adhésion réelle à telle pensée?
Il me semble que connaissant la contextualisation, contrairement à la majorité des traducteurs y compris Marcel Conche, je suis poussé à penser que c'est une caricature créée pour dénoncer le mythe du Roi-philosophe et enseigner le peuple sur comment on le mène par le bout de son ignorance...
De plus cela peut s'argumenter par le contenu du Tao Te King lui-même: dès le Chapitre 2 il est clairement indiqué que le Sage n'a pas vocation à gouverner.
La Passion ou l'expérience d'être rejeté par ceux qu'on aime
Ce Vendredi 15 Avril 2022, toutes les Églises Chrétiennes commémorent La Passion du Christ, la crucifixion de Jésus, sa mise à mort après un procès biaisé et préparé de longue date (dès le début de son Ministère, de sa Mission de Messie envoyé par Dieu pour nous sauver).
Dans cette dernière phrase mise entre parenthèse se trouve une signification ultime et universelle de la crucifixion.
Jésus a été classé au rang de renégat, de traître, de coupable, de contre faiseur, de menteur, de bandit, et a été jugé et mis à mort par ceux-là même qu'il aimait! Peut-on imaginer ce que cela fait d'être rejeté et tué par ceux-là même que l'on aime? Or, justement, cette expérience est universelle et principalement pour les pauvres.
En effet, «Dieu créa l'Humain à son image, il le créa Homme et Femme» comme écrit dans la Genèse; c'est-à-dire que l'homme se cherche tout naturellement un complément féminin, est attiré par la femme. Or, depuis la Révolution Industrielle (Française même puisque c'est elle qui l'a initiée), il existe un poor-men-bashing de la part des femmes, une tendance instituée par l'enseignement, les médias, la culture, au darwinisme social rabaissant l'homme pauvre au rang d'en quelque sorte "intouchable hindou".
Un homme pauvre, sans avenir et même pas artiste de rue les poches pleines de drogues («bitch on the men with drugs, it's usual since the sixties»), peut de ce fait avoir ressenti cette expérience universelle du rejet et même parfois de la condamnation par celles-là même qu'il aime; à ce point universelle que le philosophe humaniste existentialiste Jean-Paul Sartre l'a abordé (au sujet du poor-men-bashing) dans un livre, une pièce de théâtre en fait, intitulé "La Putain Respectueuse".
Pour ma part c'est du vécu. Mais il faut bien savoir que dans mon cas je l'ai bien cherché: j'ai rejeté le Dieu d'Abraham, Créateur de l'Univers Visible et Invisible, bien avant de connaître le rejet de la part des femmes.
De par cette expérience du rejet féminin, je ne peux qu'imaginer ce que Jésus-Christ a pu ressentir en étant rejeté et en subissant le coup monté contre lui permettant à ceux-là même qu'il aimait de le crucifier.
De cette leçon on en imagine tout autant ce que Dieu lui-même doit ressentir lorsqu'il est rejeté par l'une de ses créatures, en premier Iblis (l'Ange Déchu ou Satan), ensuite l'Humain. Mais comme l'explique le Livre de la Sagesse de Salomon (pas présent dans la Bible Protestante), Dieu aime toutes ses Créatures sinon il ne les aurait pas créées et appelle chacune d'elle à revenir à lui sans relâche.
Dieu attend de nous une réponse d'Amour, parce qu'il nous aime, telle est il me semble la leçon de cette Passion du Christ...
En quoi Jésus nous a sauvés et rendus libres?
Le nom de Jésus signifie littéralement en hébreu «Dieu Sauve», et de fait Jésus est le Messie, donc le sauveur, et on rajoute même dans la théologie protestante que Jésus nous a rendus libres. Pourquoi et en quoi?
De fait, lorsqu'on pense "croire en Dieu", ce qui est différent disons-le tout de suite de "croire en une religion", on pense pour la majorité de nos contemporains malheureusement "asservissement, soumission, perte de liberté". Or, justement, Jésus le Christ est venu nous apprendre que croire en Dieu, avoir la Foi, c'est gagner en Liberté! En fait cela ne commence pas avec Jésus, même si c'est bien lui qui en tant que Messie vient l'accomplir, mais est relaté dès les Prophètes de l'Ancien Testament (la Bible Hébraïque), et on citera entre autres Isaïe (Ésaïe).
Ainsi le prophète Isaïe relate que le Messie viendra «libérer les épaules du peuple d'Israël d'un lourd fardeau». De quel fardeau parle-t-il? Ce "fardeau" est explicité dans la Torah elle-même. En effet, Dieu y déclare au peuple juif: «je ne vous ai donné que dix Commandements mais vous n'avez pas été capables de les suivre, aussi je chargerai vos épaules d'un lourd fardeau», il s'agit des un peu plus de six cent (600) autres Lois de la Torah.
Voilà ce dont Jésus vient alléger les épaules du peuple juif, pour ne garder que les Dix Commandements primitifs résumés en les très sages "deux Lois d'Amour": amour de Dieu et amour de l'Autre.
Mais Jésus ne vient pas que libérer le Peuple Juif, il vient libérer l'Humanité toute entière toujours selon ce qui est prophétisé par Isaïe. Ce qui permet à l'Apôtre Paul de déclarer que «désormais il n'y a plus ni juifs ni païens, ni maîtres ni esclaves, ni hommes ni femmes»! Il n'y a plus que l'Humanité, une et indivisible.
En ce sens donc, il n'y a plus non plus «ni chrétiens ni non-chrétiens»; l'enseignement de Jésus impose qu'il n'y ai plus de distinction entre un humain et un autre et en ce sens nous rend égaux.
À tel point vrai que cette base inamovible des dix commandements (les dix paroles) se trouve être présente jusqu'à dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, pourtant écrite sous une époque on ne peut plus anti-cléricale et athée. Tous ces Droits Humains fondamentaux dérivent directement de l'universalité des dix commandements bibliques (que l'on trouvera en Exode chapitre 20, versets 3 à 17 inclus). Les Droits Humains ratifiés à l'ONU et écrits sous la période de la Révolution Française sont une liste allongée du résumé universel qu'en constituent les Dix Commandements bibliques du judéo-christianisme!
On peut donc le dire, l'ère chrétienne entendue non comme institution religieuse mais comme rapport entre êtres humains entre eux est de facto réalisée et indépassable sauf à retourner en arrière, à dévoluer plutôt qu'évoluer.
En ce sens, Jésus nous a rendus libres; qui plus est, Jésus étant envoyé par Dieu, c'est Dieu qui nous a rendus libres.
À tel point que je suis également libre de croire ou de ne pas croire en Dieu, ou de ne pas le respecter même si je crois qu'il existe. Cette Liberté absolue de l'Humanité, d'abord en tant que Peuple Juif ensuite en tant que Peuples de Toutes Nations, n'est pas seulement inscrite dès le christianisme, dès Jésus-Christ, mais est relatée par les Prophètes eux-mêmes.
C'est de cette liberté que naît "l'appel et l'attente de Dieu" envers chaque humain, chaque être, pris individuellement. Dieu nous appelle, il attend que nous choisissions de répondre favorablement à cet appel.
Donc, on le voit, croire en Dieu est loin d'être un asservissement mais au contraire est signe de notre Liberté acquise en Jésus-Christ!
Quel est le propre de l'Humain?
Quel est le propre de l’Humain ? D’abord en tant qu’unité mais aussi en tant que groupe social ? C’est une question que je me pose depuis longtemps. J’avais à ce propos sorti une petite blague : « l’Homme est un Singe qui croit en Dieu, le jour où il cessera d’y croire et que les singes commenceront à y croire ce sera la planète des singes » ! Pourtant tout n’est pas si simple.
En tant que groupe social, rien ne semble distinguer l’être humain des autres animaux sociaux, qu’ils soient peu sociaux ou très sociaux. Du moins dans les attitudes primaires et premières de l’Humanité.
L’être humain a conscience d’un Transcendant, qu’il soit croyant ou athée. C’est-à-dire qu’il a conscience que, contrairement à ce qu'affirment certains penseurs, l’Homme n’est pas la mesure de toutes choses mais doit, afin de continuer à vivre en société, obéir à une mesure le dépassant, le transcendant.
Cela se manifeste visiblement par des interdits. Ne pas tuer un autre humain, ne pas le manger, puis des interdits moins basiques tels que ne pas voler, ne pas mentir, etc. Bien évidemment ces interdits ne sont pas forcément respectés mais lorsqu’ils ne sont pas respectés on sait, ou plutôt on « sent », que cela sort de la normalité de la vie de tous les jours, que cela est une forme de transgression.
Ainsi s’il s’impose que l’on ne doit pas tuer son semblable, on le fera néanmoins en cas de guerre ou de peine de mort. Et le fait que l’on sente plus que l’on ne sache que cela est une transgression se révèle dans le fait qu’on laissera cette tâche à une « caste » spécialement conçue pour cela : les guerriers (militaires de nos jours) et les bourreaux.
Ces notions transcendantes de respect de certains interdits ne proviennent pas nécessairement d’un rapport aux mondes invisibles, à des divinités, mais peut très bien s’accommoder, comme c’est le cas de nos jours pour une bonne partie du monde occidental, de l’athéisme le plus total. Point n’est besoin d’un dieu pour qu’il y ait religion (« liens interindividuels » au sens strict), les Droits de l’Homme, les Lois de la Nation, les idéologies peuvent parfaitement faire l’affaire.
Mais ce transcendant est-il vraiment constitutif de l’être Humain ? Certes nous en avons conscience. Mais les animaux, à quelques exceptions près, n’obéissent-ils pas aux mêmes interdits ? Un crocodile ne mangera et ne tuera jamais un autre crocodile. Les luttes pour le monopole de la reproduction chez les animaux ne se soldent par la mort d’un adversaire qu’en cas d’accident, etc.
En fait, cette notion de transcendant est constitutive du lien social plus que de l’Humanité en général. On peut imaginer un humain s’affranchir totalement de toute limite, évacuer son « surmoi », ne plus rien respecter. De facto si tous les humains le feraient ce serait la fin du genre humain, de toute civilisation humaine.
N’empêche qu’un humain le faisant n’en resterait pas moins humain. Alors que reste-t-il pour le distinguer de l’animal ?
L’être humain, nous pouvons le constater tous les jours, fait des quantités innombrables de choses strictement inutiles d’un point de vue animal !
J’en viens à me demander si par hasard la caractéristique de l’être humain ne serait-elle pas cette capacité à l’inutilité ? Car voit-on même des dauphins, réputés comme les plus intelligents des mammifères après l’humain, se mettre en rond autour de deux ou trois autres dauphins qui joueraient à un jeu ou à une pièce de théâtre ?
C’est à mon avis dans ce sens qu’il faudrait creuser la question.
Par ailleurs l’une des meilleures preuves de cette caractéristique de l’être humain à l’inutilité biologique de la plupart de ses activités est le sexe-plaisir plutôt que le sexe-reproduction. L’humain a des rapports sexuels non à des fins uniquement reproductives mais également à des fins récréatives, mêlées de divers sentiments.
Paradoxalement l’Église, en édictant le dogme des relations sexuelles à des seules fins reproductives, rabaisse ainsi l’humain à son statut d’animal primitif. À noter par ailleurs que ni dans la Torah, ni dans les Évangiles ou même Épîtres, ni dans le Coran il n’est ordonné à l’être humain de n’avoir des relations sexuelles qu’à des fins reproductives.
Et les stratégies de sexe-plaisir sans fins reproductives ont existé de tous temps, ne fut-ce que par l’observation des lunaisons en lien avec les menstruations féminines (les règles) afin de déterminer les moments propices à une liaison sans risque de grossesse…
On pourra me faire la remarque, et je me la fais moi-même, que cette propension aux activités inutiles n’est pas tellement caractéristique de l’humain que cela. Elle est certes caractéristique de l’intelligence : plus une espèce animale est intelligente plus elle se livrera à des activités biologiquement inutiles.
Ainsi les dauphins jouent, et certains singes notamment asiatiques semblent se livrer à des danses qui ne sont pas dictées par l’utilité d’attirer mâles ou femelles.
Mais le fait est que l’Humain est le seul être à prendre ces activités inutiles très au sérieux ! Pour preuve le statut social de ceux qui se livrent à des jeux.
Déjà le professeur de philosophie Jean-Jacques Wunenburger note le rôle prépondérant du jeu dans les sociétés humaines primitives via les jeux sacrés, c’est-à-dire l’ensemble des rites qui entourent les pratiques liturgiques (cf. « Le Sacré » aux éditions PUF Que sais-je ? n°1912) et décrit comment même « athéisés », dirais-je, ces jeux gardent un aspect sacré.
En effet, combien de délits (pouvant aller jusqu’au meurtre) commis autour de simples matches de football ? Et pour reparler du statut social privilégié de ceux qui accomplissent des jeux face à des spectateurs prenant cela très au sérieux, et bien ce statut est nettement plus élevé que celui qui dans la société remplit des fonctions directement utiles telles celle d’avoir la responsabilité de nourrir les 7 milliards d’individus vivant sur Terre.
Donc la caractéristique humaine est de faire de l’inutile et, plus encore, d’élever cet inutile au rang de chose extrêmement sérieuse ; plus sérieuse que l’utile même.